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Chapareillan. Festi'Chap mis au pas

  • Photo du rédacteur: Chapareillan Info
    Chapareillan Info
  • 15 sept. 2023
  • 6 min de lecture

Je me remémore cette émission humoristique diffusée quotidiennement à la pause méridienne sur France Inter au début des années 1980, animée par Claude Villers, assisté de Luis Rego et de Pierre Desproges.

C’était "Le Tribunal des Flagrants Délires".

Chaque jour un nouvel invité.

Le 28 septembre 1982, l’invité de l’émission était Jean-Marie Le Pen.


Au cours de son réquisitoire, Pierre Desproges (qui jouait le rôle du procureur) :

" Les questions qui me hantent sont celles-ci. Premièrement, peut-on rire de tout ? Deuxièmement peut-on rire avec tout le monde ? ".

Pour la municipalité de Chapareillan, la réponse est claire.

On ne peut pas rire de tout. Et pas avec tout le monde.

Explications.


Chapareillan, jeudi 7 septembre 2023, 20 heures. Réunion du conseil municipal.

Durée : 52'20" dont 24'30" consacrées à la demande de subvention exceptionnelle de l'association Ludichap


Parmi les 7 délibérations inscrites à l’ordre du jour, 2 concernaient des demandes de subvention exceptionnelle de la part de 2 associations chapareillanaises :

  • Ludichap pour l’organisation du Festi’Chap dans le cadre de la Fête de la Rentrée (voir notre article du 25 août)

  • la Maison des Jeunes de Chapareillan (MDJ) pour l’organisation de tournois de sports et la retransmission de deux événements sportifs en octobre et novembre 2023, demande labélisée " Terre de Jeux "

A l’invitation de madame la maire, 2 représentants de chacune de ces associations étaient présents en salle du conseil pour expliciter leur demande.


1ère délibération soumise au vote, la demande de l’association Ludichap.


Madame la maire donne la parole à ses 2 représentants, M. Emeric Fontaine, président, et Mme Michèle Bannay, qui s’est fortement investie sur le projet.


Ceux-ci présentent l’évènement et fournissent les éléments explicitant la demande. M. Emeric Fontaine indique que, au regard des changements apportés au projet initial, le montant de la subvention sollicitée est de 500 €, et non de 1000 € comme figurant dans le dossier transmis à la municipalité.

A l’issue de cette présentation, aucune question de la part des conseillers municipaux. On s’apprête à passer au vote.

Durée de l’intervention : 6'40"


Mme Martine Venturini, maire, prend alors la parole.


MV : " Vous savez que dimanche, il y a eu des problèmes. Je vais quand même en parler. Dimanche, des personnes m’ont téléphoné. Elles étaient assez choquées par les propos qui ont été tenus pendant le spectacle d’improvisation, dont fait partie monsieur Fernandes. "


NDLR : M. Marc Fernandes est l'enseignant et le trésorier de la Compagnie des Instants Révélés. Il ne faisait pas partie des comédiens qui ont joué l'improvisation incriminée. Il ne fait pas partie non plus de l’association Ludichap.


" Donc, ils ont dénigré le maire, ils ont dénigré un responsable des services techniques. Alors, madame Bannay, la base de toute relation est quand même le respect, ça part de là "

Michèle Bannay : " Pourquoi vous vous adressez à moi ? "

MV : " Non, mais je vous le dis quand même. C’est une valeur qui à priori dans votre groupe n’existe pas. Les 2 adjoints ont été présents pendant le week-end. Hein, vous avez été très gentils de l’avoir dit, qu’ils ont été présents, qu’ils ont aidé et cetera. Je vais quand même passer la parole, et puis après je continuerais, je vais passer la parole à Emmanuelle qui va vous en parler, puisqu’elle était présente. "


Extrait audio : durée 0’50’’ [écouter]


Cette intervention, qui a lieu avant le vote, a clairement pour objectif d’influencer le vote des conseillers.


Emmanuelle Gioanetti (1ère adjointe, en charge entre autres de la vie associative)


EM : " Je suis allée au spectacle, dimanche après-midi donc, il y avait une soixantaine de personnes, et franchement, c’était une troupe super sympa. Cette association lâche tout ce qui est improvisation.

Les 4 premières impros, sympa, on a bien rigolé.

La 5ème impro arrive. M. Fernandes nous dit que cette impro là se passe sur un morceau de musique. Donc la musique se met en marche. Les personnes arrivent.

Elles font une impro en se foutant de la mairie, de madame le maire, des services techniques. Donc je trouve ça choquant.

Alors, qu’on fasse de l’impro, je veux bien, mais qu’on casse du sucre sur un partenaire qui a été là, j’ai trouvé ça quand même fort de cacao "

MV : " Donc demander une subvention après ça " (1)

EM : " J’en n’ai pas parlé à madame le maire. Je l’ai pas appelée. Elle m’a appelé elle. Ils y avaient des personnes qui étaient dans le spectacle qui l’ont appelé. Donc effectivement, ça s’est passé comme ça. Donc voilà, le point noir de ce festival, effectivement, c’est ça. "


(1) Le lien entre le refus de subvention qui s'en suit et l'improvisation en cause ne fait pas de doute


Extrait audio : durée 1’22’’ [écouter]


L'association Ludichap a ensuite fait valoir son droit de réponse et a apporté une interprétation très différente de cette improvisation.


EF : " Je suis très gêné en fait. De mon point de vue, d'ailleurs c'est une histoire de point de vue, on est sur quelque chose en fait dès lors de l'improvisation. Je reste persuadé personnellement qu'il n'y avait pas d'attaque réelle directe envers la mairie, et ça c'est mon point de vue. Vous vous avez le vôtre, et là il n'y a pas de souci, c'est comme ça " {passage inaudible}

MV : " Je peux vous couper 2 secondes "

EF : " Oui allez y "

MV : " Quand on parle que le maire a des liens de parenté avec une entreprise, c'est pas pour attaquer le maire "

MB : " D'abord, ce qui est important, pour toutes les personnes qui sont là, ce n'est pas tout à fait la phrase qui a été employée. D'ailleurs je ne sais pas combien de personnes étaient présentes au spectacle pour savoir ce qui s'est passé réellement. Ce qu'il faut savoir, c'est que sur les 5 acteurs qui sont des amateurs, il y en a 3 qui n'habitent pas Chapareillan. Lors d'un spectacle d'improvisation, le principe, c'est de se servir du contexte. Donc on est à Chapareillan, on parle de Chapareillan, on est à Allevard, on va parler d'Allevard. L'acteur qui a amené le sujet sur Chapareillan n'est pas de Chapareillan. Donc ça m'étonnerait qu'il est pris le temps, avant d'être là, de réfléchir à ce qu'il " /.../

MV : " Madame Bannay, madame Bannay "

MB : " Excusez-moi, je ne vous ai pas interrompue "


Extrait audio : durée 1’18’’ [écouter]


Toujours pas de question ni de commentaire de la part des conseillers municipaux. On passe au vote.

NB : 3 conseillers absents n'ayant pas donné pouvoir (Mme Malika Manceau, M. Franck Sommé, Mme Suan Hirsch)


12 votes contre. Mme Martine Venturini, 4 adjoints (M. Fabrice Blumet, Mme Anne-Lise Defilippi, M. Roland Socquet-Clerc, M. Gilles Forté) et 7 conseillers municipaux de la majorité (Mme Sylvie Tomme, Mme Gisèle Motta, M. Stéphane Roche, Mme Valérie Seyssel, Mme Nathalie Uchet, M. René Portay, Mme Julie Bouilloz)


Soulagée de ne pas avoir été mise en minorité, madame la maire annonce qu’il n’y aura pas de subvention pour Ludichap.

Jusqu'à en oublier de demander qui s’abstient et qui vote pour.

M. Miellet lui indique qu’elle n’est pas allée jusqu’au bout du vote. Ce qu'elle admet. Donc complément de vote


3 abstentions. 1 adjointe (Mme Valérie Saclier) et 2 conseillers de la majorité (M. Christopher Dumas et M. Yann Limousin)

5 votes pour. La 1ère adjointe (Mme Emmanuelle Gioanetti) et les 4 conseillers de la minorité (M. Jean Miellet, M. Olivier Bourquard, M. Bruno Berlioz, M. Didier Charamelet)


On ne vous le cache pas, à Chapareillan Info, ça nous interpelle.

  • Une ou des personnes qui appellent madame la maire pour dénoncer la teneur d'un spectacle d'improvisation (2)

  • Une subvention qui est refusée parce que quelques phrases ont déplu aux élus présents, dans une improvisation d'une dizaine de minutes lors d'un festival qui a duré une journée et demi

(2) Pour celà, il faut donc remplir 3 conditions : assister au spectacle, disposer du n° de portable de madame la maire, se trouver offusqué par la teneur des propos. Donc, pas très difficile de trouver qui a passé l'appel


Personne n'est dupe, on comprend bien que la subvention a été refusée à cause de ladite improvisation.


C'est méconnaître ce qu'est un spectacle d'improvisation.

C'est faire fi de l'investissement d'une dizaine d'associations chapareillanaises qui ont proposé des animations tout au long du week-end.


Pendant le conseil municipal, les 2 adjoints présents durant le week-end, ainsi que les services techniques municipaux, ont eu droit aux remerciements, à la fois des organisateurs et de la municipalité. Pourquoi pas.

Par contre, pour ces associations qui elles, bénévolement, voire parfois même, en étant de leur poche, se sont investies pour proposer des animations aux chapareillanais, rien, aucun remerciement.

Bonus

Si vous aimez ou si vous voulez découvrir l’humour de Pierre Desproges, je vous mets en ligne son réquisitoire

Extrait "Le tribunal des Flagrants Délires", Pierre Desproges : durée 9’19’’ [écouter]

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