L'industrie papetière dans le Grésivaudan
- Chapareillan Info
- 15 mai 2020
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 juin 2020

Sur l’A41, après l’aire de Chapareillan en direction de Grenoble d’une part, et après l’aire de Saint-Nazaire les Eymes en direction de Chambéry d’autre part, sont installés deux panneaux indiquant "Le Grésivaudan industrie du papier", rappelant l’importance historique de l’industrie papetière dans l’économie de la vallée.
Cette activité s’est notablement développée à partir du début des années 1870. Elle a fourni du travail et rythmé la vie de plusieurs générations d’hommes et de femmes.
Son essor est dû à la conjonction de facteurs exogènes (le développement de la presse, grande consommatrice de papier, les innovations technologiques, notamment le défibreur, et l’utilisation du bois comme source de cellulose) et de facteurs locaux (la proximité des forêts pour alimenter les usines en matière première, l’utilisation de la force hydraulique des torrents issus de Belledonne pour la production d’énergie, la desserte ferroviaire Grenoble-Montmélian pour désenclaver la vallée, la venue d’ingénieurs qui vont créer une émulation collective et bénéfique).
Amable Matussière, Alfred Fredet, Jean-Baptiste Neyret et Aristide Bergès, à divers titres, vont être les instigateurs de cet essor.
Utilisant l’énergie hydroélectrique produite à partir des eaux rapides descendant des torrents de Belledonne, l’industrie papetière s’est développée exclusivement en rive gauche de l’Isère, à Pontcharra (papeteries de Moulin Vieux et des Martinets) en partie amont, à Brignoud (papeteries de Lancey et de Brignoud) et Domène (papeteries de la Gorge et du Domeynon, puis ultérieurement usine de La Ouatose) en partie aval.
Il a brièvement existé une autre usine papetière à Pontcharra (la papeterie Brotel), qui a fonctionné pendant une dizaine d’années avant la première guerre mondiale.
Après que les locaux aient été reconvertis et affectés à différents usages, le site abrite aujourd’hui le lycée Pierre du Terrail.
En 1907, pour former des ingénieurs et conducteurs de machines, l’union des fabricants de papier va créer l’Ecole Française de Papeterie à Grenoble.
Toutes ces usines vont connaître des trajectoires économiques quasi identiques, qu’on peut découper en trois phases : l’essor, le rythme de croisière, le déclin.
=== L’essor (1870-1914) ===
Les deux premières papeteries s’implantent à Domène.
La papeterie de la Gorge, est créée en 1853. La pâte à papier est alors obtenue à partir de fibres provenant de chiffons. A partir de 1864, l’usine va choisir de produire à partir de pâte à papier produite par la papeterie voisine du Domeynon, créée en 1856, qui, jusqu’en 1911, produit exclusivement de la pâte mécanique.
Les deux usines les plus importantes en taille sont installées sur le bourg de Brignoud.
La papeterie de Lancey met en service une râperie en 1869. Les deux premières machines à papier sont installées en 1883, puis 2 autres en 1890, puis une 5ème en 1896. Elle emploie 1200 personnes au début du XXème siècle.
La même année commence la création de la papeterie de Brignoud, dont la production ne démarre qu’en 1872. L’installation d’une deuxième machine en 1873, puis d’une 3ème en 1880 permet de porter à un bon niveau la capacité de production. Elle emploie 350 personnes au début du XXème siècle.
A Pontcharra, la papeterie de Moulin Vieux est aussi créée en 1869. Jusqu’à la fin des années 1880, la gestion hasardeuse de deux industriels successifs enchaîne les exercices déficitaires. Un nouveau projet permet de relancer l’usine, qui entame alors une période de forte croissance jusqu’au début de la première guerre mondiale.
La papeterie des Martinets est créée en 1884, dans un premier temps pour la fabrication de pâte mécanique destinée à alimenter l’usine de Moulin Vieux. Vers la fin des années 1880, la papeterie se tourne vers la fabrication et la commercialisation de papiers d’emballage.
=== Un accroissement régulier de la production (1918-années 1960) ===
Malgré plusieurs à-coups (les deux guerres mondiales, la crise du début des années 1930) l’industrie papetière va connaître une croissance importante jusqu’aux années 1960.
En 1921, afin de mieux lutter contre la concurrence, les papeteries de Lancey, de Brignoud et des Martinets sont réunies au sein du groupe Papeteries de France. Elles assureront à elles seules quasiment les deux tiers de la production de la vallée.
Les 3 autres papeteries restent des entreprises familiales dynamiques, de taille moyenne.
En 1929, ouvre sur la commune de Domène une septième papeterie, La Ouatose. Cette usine ne se consacre qu’à une seule fabrication, la ouate de cellulose. Il s’agit d’une production papetière nouvelle. Cette usine sera la seule à n’avoir aucune production autonome d’énergie.
Les stratégies sont différentes selon les dirigeants. Certains consentent à de gros investissements et modernisent l’outil de production (La Gorge, Domeynon, Lancey, Moulin Vieux), d’autres sont frileux (Brignoud, Martinets, La Ouatose).
=== Le déclin (à partir de fin des années 1960) ===
A la fin des années 1960, les conditions locales favorables expliquant l’essor de la papeterie dans la vallée s’estompent.
La part de l’énergie hydroélectrique autonome dans la consommation énergétique totale baisse.
L’approvisionnement en matières premières est majoritairement extérieur à la vallée.
Le recrutement de main d’œuvre est devenu difficile.
Les possibilités financières des entreprises, à l’exception du groupe Papeteries de France, ne permettent plus d’engager les investissements importants que nécessite cette industrie.
Les entreprises sont fragilisées. Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 vont accélérer le déclin.
Plans de relance, modifications dans l’actionnariat, changement de dirigeants, plans de licenciements, aucun des remèdes ne permet de remettre cette activité sur les rails.
La Ouatose ferme définitivement en 1997. Moulin Vieux, La Gorge, Domeynon, Lancey, fermeront successivement entre 2006 et 2008.
Seules les papeteries de Brignoud, en s’orientant dans la production de produits nouveaux (le non tissé) dès la fin des années 1960, et des Martinets, reconvertie dans la production de tubes spiralés au milieu des années 1990, ont survécu en changeant d’activité.
La papeterie de La Gorge abrite maintenant une scierie.
Les papeteries de Moulin Vieux à Pontcharra, de Lancey à Brignoud, de La Ouatose et du Domeynon à Domème ont été démolies et les sites réhabilités (respectivement zone d’activités, pôle de loisirs multifonctionnel, logements, cité jardin).
Faire défiler. Papeteries de La Gorge, de Moulin Vieux, de Lancey et du Domeynon
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